vendredi 16 avril 2010

Max Beckmann - Double Portrait - 1923

Max Beckmann 1884-1950

  Max Beckmann  -  Double Portrait - 1923

Doppelbildnis ( double portrait) Frau Swarzenski und Carola Netter, 1923 


ci-dessous extrait d'un article du journal Libération daté du 12 avril 2010:







L’année 1937 marque un basculement pour l’art occidental. Alfred Rosenberg, l’idéologue du Reich, férocement hostile aux avant-gardes, avait remporté sa bataille contre Goebbels. Ce dernier aurait préféré enrôler l’art moderne, tout comme Mussolini avait réussi à le faire avec les futuristes. Hitler a tranché : la culture allait servir de premier terrain à son délire d’anéantissement de «l’influence juive». Près de 25 000 œuvres, de Signac à Picasso en passant par les expressionnistes, furent décrochées des musées pour être vendues en Suisse, d’où elles partirent enrichir les collections américaines. Deux millénaires d’histoire de l’art se fermaient en Europe. Pas moins de 650 sculptures et tableaux furent mis au ban d’infamie : intitulée «Entartete Kunst» (art dégénéré), l’exposition attira deux millions d’amateurs en deux mois à Munich, avant d’être reprise à Berlin.
A Francfort, 77 tableaux furent éliminés du Städel Museum, dont lePortrait du docteur Gachet de Van Gogh et une collection de Max Beckmann incluant la Crucifixion, aujourd’hui au MoMA de New York. Le musée allemand put en racheter certains après guerre. En 1972, il acquit aussi la Synagogue à Francfort-sur-le-Main de Beckmann, grâce à une souscription. Ce chef-d’œuvre de déformations spatiales avait été peint en 1919 par un artiste qui s’était inspiré d’une vision à l’aube, rentré d’une nuit de soûlerie. Cette cité qui tangue avait acquis une forte valeur symbolique pour les habitants, remémorant un quartier disparu sous les bombes et une synagogue incendiée par les milices lors de la Nuit de Cristal en novembre 1938.
Cadeau. Beckmann avait quitté l’agitation de Berlin en 1915 pour Francfort, où il fut embauché par Georg Swarzenski pour enseigner à l’école du Städel. Ce directeur, passionné par l’expressionnisme, lui acheta plusieurs compositions, l’artiste lui en offrit d’autres. Son plus étonnant cadeau est un Double Portrait, forme que l’artiste appréciait pour son ambivalence. Là, il a vraiment fait fort, puisqu’il a offert à son ami une peinture représentant ses épouse et maîtresse, l’une contre l’autre, pas très contentes. Le directeur pouvait difficilement accrocher cet embarrassant cadeau dans son musée, d’autant qu’il embaucha sa jeune maîtresse comme secrétaire, et encore moins dans son salon. Dès 1933, Swarzenski fut évincé, parce que juif. Beckmann, lui, s’enfuit à Amsterdam le jour de l’ouverture de l’exposition de Munich.

New York, Museum of Modern Art
la Synagogue à Francfort-sur-le-Main 1919

Peter Selz says of the painting:
The synagogue as well as the other buildings is shaking; the whole city is a quiver, as if during an earthquake or bombing. The buildings, especially the synagogue, are lit up but the windows look like empty eyes. The city is silent. The doors are locked. The streets are empty except for a few merrymakers who climb up the narrow street toward the only escape route; soon the scene will be completely deserted.*
en savoir plus sur Max Beckmann ( link )

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