Nombreux sont les touristes qui encore aujourd’hui tremblent devant la « Bocca della Verità », la Bouche de la Vérité. Qui ne connaît pas la légende de ce masque antique en forme de disque qui « mangerait » la main des menteurs ? Le tableau de Cranach ne se réfère pas directement à l’œuvre d’art romaine, mais s’intéresse davantage à un conte du Moyen-Âge, d’origine nordique, assimilé par la suite à la légende antique. Le peintre imagine ici le lion « détecteur de mensonge », l’automate merveilleux qui aurait été inventé à Rome par le mage Virgile pour trancher les doigts des femmes adultères. Un jour, une femme accusée d’infidélité par son époux jaloux est conduite devant la Bouche de la Vérité. Selon le conte nordique, elle est interrogée en présence de son mari, d’un magistrat et de divers témoins. Ayant déguisé son amant en fou et se laissant toucher par lui devant toute l’assemblée, elle jure sans mentir que nul, à part son mari et ce fou, ne l’a jamais touchée. Ainsi retire-t-elle sa main indemne de la bouche cruelle. L’histoire, un éloge aux « pouvoirs féminins », peut être interprétée comme une parabole de la ruse des femmes triomphant de la sagesse et de l’expérience des hommes.
Ce conte avait déjà été raconté dans de nombreux dessins et estampes en Europe du Nord, notamment réalisés par Albrecht Altdorfer et Lucas van Leyden. Cependant, comme dans bien d’autres cas, Cranach est le premier à explorer ce mythe à travers la peinture.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire